À compter du 1er janvier 2025, l’entrée en vigueur du règlement n°2022-06 de l’Autorité des normes comptables (ANC) se traduit par une réforme d’envergure du plan comptable général. Le but est double : moderniser la nomenclature comptable tout en simplifiant la présentation (et la lecture) des états financiers, afin de répondre aux enjeux actuels des entreprises et de leurs parties prenantes. Quels changements ont été imposés par la réforme ? Pour quels impacts sur les pratiques des organisations et des cabinets comptables ? Le cabinet Rougagnou passe en revue les nouveautés apportées par le plan comptable général 2025.
Pourquoi cette réforme des états financiers ?
En tant que cadre normatif régissant la comptabilité des entreprises, le plan comptable général est régulièrement mis à jour afin d’intégrer les évolutions législatives et de s’adapter à des réalités économiques changeantes.
La réforme issue du règlement ANC n°2022-06 vise précisément à cela : actualiser les normes comptables afin d’harmoniser les pratiques des entreprises, de renforcer la transparence et la comparabilité des états financiers, de simplifier la tenue des comptes, et de favoriser la transformation digitale en matière de processus comptables. Cela, dans le but d’améliorer le pilotage de l’activité, d’optimiser la gestion financière, et de clarifier les échanges entre les entreprises et leurs parties prenantes.
Quels sont les changements apportés au plan comptable général 2025 ?
Voyons maintenant quelles sont les grandes nouveautés introduites dans le plan comptable général 2025.
Un plan comptable simplifié et modernisé
La réforme se traduit par la suppression de 20 % des comptes : le plan comptable général 2025 comprend 1 600 comptes, contre 2 000 dans son ancienne version. Ils sont divisés en deux catégories : les comptes obligatoires d’un côté, et les comptes facultatifs de l’autre – en fonction des besoins spécifiques des entreprises. Par ailleurs, certains libellés ont été clarifiés et les rubriques ont fait l’objet d’une réorganisation.
Le but ? Simplifier la tenue comptable et faciliter la digitalisation des traitements comptables (notamment par le biais d’outils d’automatisation), supprimer les comptes obsolètes, mais aussi unifier les systèmes (systèmes de base, abrégés et développés) afin de simplifier la comparaison des résultats entre les entreprises.
Un nouveau sens donné au « résultat exceptionnel »
Avec le PCG 2025, la notion de « résultat exceptionnel » se limite aux opérations de produits et charges en lien avec un événement majeur et inhabituel. Des opérations autrefois comptabilisées dans le résultat exceptionnel (suivant une liste prédéfinie) sont désormais inscrites dans le résultat d’exploitation, comme les sorties d’immobilisations (comptes 657 et 757 pour les immobilisations corporelles et incorporelles, comptes 667 et 767 pour les immobilisations financières).
Ce faisant, les événements exceptionnels sont plus clairement séparés des opérations courantes (une seule ligne pour les produits et les charges exceptionnels), ce qui autorise une lecture plus économique et contextuelle, et offre une vision plus claire de la performance réelle de l’entreprise.
Bon à savoir
Un événement majeur et inhabituel désigne tout événement qui sort du cadre habituel de l’activité ou qui n’est pas lié à l’exploitation normale, et dont l’influence sur la lecture des états financiers a peu de chances de se reproduire. Par exemple : la vente d’un bien immobilier, une catastrophe naturelle ou un litige de grande ampleur. Notez que cette classification est propre à chaque entreprise : ce qui relève de l’exceptionnel pour l’une peut être ordinaire pour l’autre. |
La disparition du transfert de charges
Dans l’ancien PCG, certaines opérations comptables complexes étaient enregistrées dans des comptes spécifiques, dits « de transfert de charges » (791, 796 et 797). Ceux-ci sont supprimés à la faveur de la réforme, et remplacés par des comptes propres aux opérations concernées. À titre d’exemple, une indemnité touchée à la suite d’un sinistre doit être enregistrée directement dans le compte de charges correspondant (757 pour vols ou destructions), plutôt que dans un compte de transfert de charges.
Cette disparition répond à un besoin de simplification et de transparence. En effet, cette technique, couramment utilisée pour réaffecter certaines charges ou pour neutraliser leur impact sur le résultat d’exploitation, avait tendance à nuire à la lecture des états financiers. L’inscription dans des comptes spécifiques vise ainsi à rendre ces comptabilisations plus cohérentes au regard de la réalité économique des opérations.
La modernisation des états financiers
La volonté de modernisation est également au cœur de la réforme du PCG. Pour cette raison, la présentation des états financiers a été grandement simplifiée – et standardisée – de la manière suivante :
- Un bilan présenté sous forme de tableau, de façon à mettre en parallèle l’actif et le passif (et à donner une vision plus claire de l’équilibre financier).
- Un compte de résultat présenté sous forme de liste verticale et chronologique, afin de retracer les revenus et les dépenses sur une période particulière (et ainsi donner une vision plus fluide de la formation du résultat net).
Ce faisant, le plan comptable général 2025 se veut plus facile à lire et à analyser par l’ensemble des parties prenantes. Par ailleurs, la restriction des charges exceptionnelles permet aux entreprises de produire des documents moins encombrés, et de fournir des informations plus pertinentes. Ces nouveaux formats sont aussi mieux adaptés au digital et à l’usage des outils d’analyse.
Une annexe normalisée
L’annexe des comptes annuels est désormais organisée autour de tableaux normalisés, divisés en deux catégories : les tableaux obligatoires et les tableaux à caractère indicatif (ceux-ci étant employés pour apporter des informations complémentaires). À cela, il faut ajouter un tableau de synthèse regroupant l’ensemble des règles applicables à chaque entreprise. De quoi faciliter la lecture – et la compréhension – de l’annexe.
L’impact sur la participation des salariés
Enfin, la réforme du plan comptable général a des impacts indirects sur le calcul de la participation des salariés. En particulier, la suppression des comptes de transferts de charges a pour conséquence une modification mécanique du montant de la valeur ajoutée, celui-ci servant de base au calcul de la réserve de participation au sein des entreprises.
Les changements apportés au plan comptable général 2025 ne sont pas anodins : ils ont un impact majeur sur les entreprises. Il est donc essentiel d’en saisir au plus tôt les implications, et de mettre en place les actions nécessaires afin d’assurer une transition fluide – notamment à travers la formation des équipes comptables et la révision des outils d’analyse et de reporting. Le cabinet Rougagnou vous accompagne à toutes les étapes de la mise en conformité de vos normes : n’hésitez pas à en discuter avec votre expert-comptable.